Séjour linguistique Tokyo Témoignage de Cristina

Une douce secousse. L'avion touche le sol. Nous sommes officiellement à Tokyo. Ma première pensée : "Bien, maintenant ça va être le chaos". Mais c'est peine perdue. En l'espace de 30 minutes, nous avons fourré une carte SIM japonaise dans nos téléphones, changé de l'argent, organisé des billets de train pour Kyoto et acheté le pass SUICA pour les transports urbains. Pas de bousculade, pas de voyageurs énervés. Tout le monde marche en ligne droite. Les annonces sont polies et silencieuses. Partout, des écrans affichent des informations d'une clarté cristalline. Même quelqu'un qui ne connaît pas un mot de japonais comprend où l'on va grâce aux pictogrammes.

GARE DE SHINJUKU - 52 VOIES ET 200 ENTRÉES/SORTIES

D'innombrables écrans qui clignotent pour annoncer les trains. La gare de Shinjuku n'est pas qu'une simple gare. C'est un microcosme de personnes qui se précipitent dans toutes les directions. Des escalators comme des rivières sans fin et des panneaux qui indiquent en trois langues que nous allons quand même nous perdre. "Pourquoi tout ici semble-t-il à la fois frénétique et parfaitement organisé ?" Nous décidons de un petit détour par l'école de langues Boa Lingua Genki Tokyo. Non pas parce que nous voulons soudain apprendre à parler couramment le japonais - il nous aurait fallu plus d'un après-midi pour cela - mais parce que nous sommes curieux de savoir comment fonctionne une telle école de langues. À peine entrés dans le foyer, nous avons l'impression d'avoir trouvé un univers japonais de tranquillité - console Wii, Game Library, bibliothèque de bandes dessinées manga. La salle est remplie de bavardages d'élèves dans différentes langues. Nous pouvons jeter un coup d'œil dans une classe de débutants. Les caractères sur le tableau ressemblent à de petites œuvres d'art. L'enseignant jongle entre les explications en anglais et les phrases en japonais. "La nourriture sent tellement bon que j'ai presque envie de manger le bol avec". Les élèves rient - une troupe hétéroclite de toutes sortes de pays. L'atmosphère est si accueillante que je me présente presque pour dire "Konnichiwa". "Cristina, tu devrais visiter plus souvent des endroits où les gens sortent de leur zone de confort. Celui-ci est une source d'inspiration".

GOLDEN GAI : BIENVENUE DANS LE VILLAGE DES BARS MINUSCULES

Golden Gai est un ensemble de petites ruelles remplies de bars minuscules. Quand je dis "minuscules", je veux dire minuscules. La plupart d'entre eux peuvent accueillir six personnes au maximum. Chaque bar a son propre style : l'un est rempli de néons, un autre ressemble au salon de grand-mère et un troisième a des murs entièrement recouverts de vieilles affiches de films. Les allées sont à peine plus larges qu'un couloir et des lampions multicolores sont suspendus au-dessus de nous. On se croirait sur un plateau de cinéma. Lors de notre déambulation , nous nous retrouvons régulièrement devant des plaques de porte indiquant "no foreigners" "no tourists". Dans certains bars, les quelques places sont réservées aux habitués. Mais cela ne doit pas vous décourager. Dès que vous voyez une carte en anglais à l'entrée, entrez. La faim se fait sentir et nous nous précipitons dans l'un des nombreux restaurants Izakaya de la légendaire ruelle Omoide Yokocho. On y trouve de tout : ramen, yakitori (brochettes de poulet), sushi et des plats dont je ne peux pas prononcer le nom. Nous optons pour l'okonomiyaki, une sorte de crêpe salée préparée sous nos yeux sur une plaque chaude. Le cuisinier jongle littéralement avec les ingrédients tout en garnissant l'okonomiyaki de manière artistique. Nous avons l'impression d'assister à un spectacle de cuisine en direct. Nous dégustons du saké et de la bière en accompagnement.

SHIBUYA CROSSING : LE CŒUR BATTANT DU JAPON

Alors que nous approchons de Shibuya Crossing, je me sens comme une minuscule goutte d'eau dans un océan de personnes. De loin, je vois déjà les feux de signalisation qui, tels des chefs d'orchestre, règnent sur le ballet effréné des piétons. Les lumières des écrans publicitaires géants scintillent sur le carrefour. Des caractères lumineux, des publicités animées, des personnages de manga géants : "Allez, achète ça ! Fais ça ! Vis ça !" Dès que les feux passent au vert, des centaines - non, des milliers - s'élancent en même temps, sans que personne ne trébuche, ne se bouscule ou ne jure. Un miracle de coordination. "On dirait une fourmilière, mais en plus élégant", me dis-je. Je vois des gens avec des baskets lumineuses, des chiens avec des manteaux de marque, un type en costume qui lit frénétiquement des mangas sur son téléphone portable tout en sprintant à travers le carrefour. C'est tellement fou et pourtant si banal. Nous décidons de regarder le carrefour d'en haut et prenons l'ascenseur jusqu'au Starbucks.

D'ici, tout semble encore plus spectaculaire : pendant quelques secondes, le carrefour se remplit complètement. Puis il se vide, pour être à nouveau submergé quelques instants plus tard par un nouvel essaim. Les lumières des écrans se reflètent sur les façades en verre des bâtiments. Et au loin, on aperçoit les gratte-ciel de Shibuya. Un skyline si moderne que j'en oublie presque l'âge de cette ville.

TEAM LAB TOKYO : UN AUTRE UNIVERS

Dès que j'entre dans le Team Lab Borderless, je sens qu'il ne s'agit pas d'un musée ordinaire. Pas de "Ne pas toucher", pas de panneaux de texte déroutants - à la place : Obscurité, lumière, couleur, mouvement. J'ai l'impression d'entrer dans une autre dimension. Des points lumineux dansent sur les murs. Ils réagissent à mes mouvements - comme si je peignais avec un pinceau invisible. Soudain, des fleurs poussent autour de moi. Scintillantes. Presque vivantes. Elles disparaissent lorsque je les touche, laissant la place à de nouvelles. Puis une cascade numérique s'écoule le long des murs. Les gouttes semblent baigner mes pieds. Si réel que je me retourne presque pour sauver mes chaussures. "Si j'explique cela à quelqu'un, il pensera que j'ai pris du LSD."

COTON-SUCRE ARC-EN-CIEL : LA DÉFINITION DE HARAJUKU

Harajuku est un quartier qui brouille la frontière entre la réalité et les contes de fées. Le célèbre Takeshita-dōri est comme une tornade arc-en-ciel de boutiques, de gens et de bruits. La vie y palpite et crie : "Regardez-moi, essayez-moi, soyez fou". Du rose vif au bleu fluo, les boutiques vendent tout ce que le cœur excentrique peut désirer : accessoires kawaii, figurines de manga, vêtements aux couleurs de l'arc-en-ciel. De doux parfums de crêpes, de barbe à papa et de street food fraîchement grillée se mêlent dans l'air. "Il faut que je goûte à tout - et tout de suite". Nous faisons donc la queue la plus longue jusqu'à ce que nous tenions nos crêpes en main - fourrées de fraises, de crème et de glace matcha. La combinaison de la pâte chaude et de la garniture froide est divine. Un stand de barbe à papa arc-en-ciel géante m'attire comme par magie. Je tiens le nuage surdimensionné dans mes mains et j'essaie d'en casser un morceau sans détruire complètement l'œuvre d'art. Des jeunes gens vêtus d'extravagants costumes de manga et d'anime viennent à notre rencontre. Une fille en costume de Sailor Moon pose pour des photos. Et un type en tenue de samouraï avec des cheveux teints en bleu passe nonchalamment devant moi, comme si c'était son look de tous les jours. C'est un sentiment d'acceptation totale - personne n'est dévisagé. Chacun peut être qui ou ce qu'il veut. Un café avec des mini-cochons ? Bien sûr que je dois y aller. Les petits cochons se promènent librement. Je m'assois sur un coussin pendant qu'ils me reniflent avec curiosité. Je caresse une douzaine de mini- cochons. "Est-ce vraiment réel ?"

UN TRAIN QUI SEMBLE VENIR DU FUTUR

Les gens se déplacent de manière ciblée, comme des pions dans un jeu de stratégie. Tout est propre ... et calme. Pas de course effrénée, pas de bousculade. Et le voilà : le Shinkansen. En cinq minutes, tout le monde est à bord et le train se met en marche en douceur, comme par magie. Pas d'à-coups, pas de secousses - juste un doux bourdonnement. Tout d'abord, Tokyo défile devant nous. Des gratte- ciel, des panneaux publicitaires, des labyrinthes de rues - et soudain, plus rien. Le paysage s'ouvre. Devant nous, des rizières, des collines verdoyantes et des petits villages aux maisons en bois traditionnelles. Au loin, le mont Fuji trône. Je retiens mon souffle. Le sommet enneigé semble tout droit sorti d'une carte postale. Je me rends compte de la vitesse à laquelle nous allons. 300 km/h. Le train coupe le paysage comme un couteau. Je regarde par la fenêtre. "Nous allons plus vite qu'un avion au décollage". Le voyage se termine beaucoup trop vite. Lorsque nous arrivons à la gare de Kyoto, j'ai l'impression que je pourrais continuer indéfiniment.

KYOTO - 17 SITES CLASSÉS AU PATRIMOINE MONDIAL DE L'UNESCO, 400 SANCTUAIRES SHINTŌ, 1600 TEMPLES

Le sanctuaire Fushimi Inari-Taisha est un lieu que j'ai vu dans d'innombrables images, mais rien ne te prépare à sa véritable beauté. Les fameux torii - des arcs rouge vif - s'étirent comme un tunnel sans fin en haut de la montagne. "Combien de portes y a-t-il ? Mille ? Dix mille ?" Malgré la présence de touristes autour de nous, l'endroit dégage un silence sublime. Partout, de petites plaques de bois sont accrochées avec des souhaits et des prières - bonheur, amour, santé. Prochain arrêt : la forêt de bambous. Dès que je pénètre dans la forêt, j'ai l'impression de franchir un seuil - de la réalité à un monde où tout est harmonieux et intemporel. Des bambous géants et élancés. Le vent fait bruire doucement les feuilles. Le soleil perce le toit vert et projette des ombres délicates sur le chemin.

AU NISHIKI MARKET, IL FAUT SUIVRE LE NEZ !

Le Nishiki Market se faufile dans les rues étroites de Kyoto. On dirait que quelqu'un a rassemblé toutes les saveurs du Japon sous un même toit. Les stands s'alignent les uns après les autres, et partout, des délices qui ne demandent qu'à être goûtés : Poisson rouge brillant, douceurs vertes au matcha, brochettes de yakitori dorées - chaque coin vaut une photo. L'odeur du poisson grillé nous attire comme par magie. Nous goûtons de l'anguille grillée - tendre, fumée, glacée avec une sauce soja sucrée. Le goût est si intense que je ferme les yeux pour bien l'apprécier. Frais, marinés ou séchés - le choix de fruits de mer et d'algues est si vaste que nous avons du mal à nous décider. Et puis, il y a les séductions sucrées : Des petits gâteaux moelleux au matcha aux confiseries au thé wagashi - presque trop beaux pour être mangés. Nous découvrons des ustensiles de cuisine ...et toute la gamme des épices japonaises. Sans doute l'offre la plus insolite : de la glace à la vanille saupoudrée de shichimi, le fameux mélange d'épices japonais. La première cuillère est... étrange. Mais après quelques secondes, le mélange de glace sucrée et de shichimi épicé et piquant se dévoile et nous sommes ravis - pourquoi pas ?

Notre voyage au Japon a été une explosion des sens. Un voyage dans un monde si différent et pourtant si accueillant. Japon, tu es fou - et nous t'aimons pour cela. Peut-être serez-vous inspirés pour vivre cette aventure à votre tour. Et si tu visites un café du cochon, pense à moi !